Un riche réseau hydrographique, des dépôts d’argile, un couvert forestier dense, c’est tout ce dont a besoin l’activité briquetière pour s’épanouir. Les habitants de Montsinéry ont très tôt tiré profit de ces ressources naturelles pour créer des établissements. Le plus connu d’entre eux est sans doute celui de Mapéribo.

La briqueterie de Mapéribo fut fondée par des officiers du bataillon d’infanterie coloniale qui acquirent le terrain d’habitation Maperibo en 1804.

Confluence de la rivière Mapéribo et de la crique Saint-Aulair (2013) © Monton.

Par ordonnance coloniale du 16 janvier 1820, le gouverneur Laussat décide la fermeture de la briqueterie de Racamont, jugée trop difficile à desservir en période de basses eaux et le transfert du matériel et des esclaves sur l’habitation de Mapéribo retournée dans le domaine colonial.

« Article 1er. – La briqueterie de l’État qui est à la crique Racamont sera transportée sans délai sur la rive droite du Mont-Sinéry, entre la crique de Mapéribo et la crique Raphaël, et s’appellera la briqueterie de Mapéribo.
2. – Les bâtiments indispensables y seront aussitôt construits dans les formes les moins dispendieuses.
3. – La charpente de sècherie, destinée originairement à la briqueterie de Racamont, portée ensuite à Cayenne et déposée dans l’arsenal de la marine, sera transportée sans délai à la briqueterie de Mapéribo et y sera élevée pour l’usage de cette fabrique. »

En 1826, un état estimatif détaillé de l’établissement est dressé par l’administration : 29 esclaves dont 19 sont briquetiers travaillent à Mapéribo.
La briqueterie fait partie du Domaine colonial et gérée par des agents publics. Les briques produites servent à la construction des édifices et aménagements publics ordonnés par les gouverneurs Laussat puis Milius.
En 1827, le gouvernement vend l’établissement à Amédée Delanglade fils pour 34 000 F. Le nouveau propriétaire devra « fournir, au besoin et sur les demandes faites à l’avance par l’administration, les briques nécessaires au service jusqu’à concurrence de deux cent milliers par an, au prix de trente-sept francs cinquante centimes le millier, et en déduction des termes à échoir, de manière qu’une demande de cent milliers soit faite trois mois à l’avance et ainsi de suite et dans la même proportion pour des demandes plus ou moins fortes ».

Publicité parue dans la Feuille de la Guyane française de 1869 © Archives départementales de Guyane.

La famille Delanglade reste propriétaire de la briqueterie jusqu’en 1872 au moins. Elle s’est associée en 1870 au pharmacien Antoine Dutrey. Cet associé rend compte de sa gestion en septembre 1872 dans un compte détaillé. Les recettes de la société sont excédentaires et la balance est favorable à Dutrey, auprès duquel les Delanglade ont contracté, en outre, des dettes personnelles.

Compte de gestion de la société Delanglade-Dutrey © Archives départementales de Guyane.

Entre janvier 1870 et avril 1872, la briqueterie a réalisé quatre fournées qui ont rendu 271 400 briques, sans compter les casses et pertes de tous genres, soit par fournée une moyenne de 67 600 briques.

Parmi les clients acheteurs des briques de Mapéribo, on y relève de simples particuliers, des négociants grossistes, de riches habitants propriétaires et bien sûr l’administration gourmande en matériaux de construction. Voici l’exemple des recettes d’août 1871.

– Virgile 1500 briques pour 90 F
– Marius 100 6
– Manlius 100 6
– X 100 6
– X 200 12
– X 150 9
– Trésor pour les Ponts et Chaussées 1000 60
– Goyriena 1000 60
– Bailly 1000 60
– July 1000 60
– X (vendu pour Mme Foucou) 200 12

Les briques de Guyane ne sont pas estampillées avant les années 1880. Seule une analyse géochimique pourrait identifier l’origine montsinérienne. © Monton.